Faire route ensemble

Alexandre Simonet, Yvette Chaudagne, Françoise Combe, Aveline Jarry, Sandrine Sogne, Ludovic Jouvente.

Faire route ensemble

Faire route ensemble

Alexandre Simonet, Yvette Chaudagne, Françoise Combe, Aveline Jarry, Sandrine Sogne, Ludovic Jouvente.
Photos : Ludovic Jouvente
5 février 2019
Une équipe plurielle

Des bibliothécaires et l’association Ceregard, des bénévoles et des salariés d’associations nîmoises, des personnes désireuses d’apprendre le français, se rencontrent à la bibliothèque pour échanger autour de livres, musiques, jeux, ressources numériques, films…Ensemble ils témoignent des changements de pratiques professionnelles et de représentations qui surgissent au contact de l’autre, en utilisant, ici, toutes les formes de narration offertes par les outils géoproject et géoformat.

*“Il est temps de dire nous et de tracer une autre route, celle d’une civilisation du partage et de l’échange… Le nous de l’égalité, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, d’appartenance, ou de croyances. Le nous des causes communes où s’invente concrètement l’espérance là où nous vivons, travaillons, dans tous les lieux où nous faisons déjà route ensemble.”          
E. Plenel
Les premiers pas
Aveline Jarry, conseillère technique et pédagogique du Ceregard et Sandrine Sogne, bibliothécaire à Marc Bernard - Nîmes

Deux volontés et une envie de construire. Tout a commencé par une rencontre entre Sandrine bibliothècaire et Aveline conseillère technique et pédagogique du Ceregard.

L’une avait pour projet de développer une action en direction des adultes en apprentissage du français du quartier de Pissevin, l’autre souhaitait proposer aux associations qui animent des ateliers sociolinguistiques dans le quartier de dynamiser leur pratique en utilisant les ressources de la médiathèque. Le résultat : à partir de septembre 2017, des apprenants du monde entier se sont retrouvés deux fois par mois, à la médiathèque Marc Bernard de Nîmes pour un atelier de lecture facile « S’aider à lire ».

Des liens se sont créés avec des associations de proximité, des organismes de formation, des CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile), des associations porteuses d’actions d’insertion et d’accompagnement auprès du département qui ont relayé le projet et/ou ont accompagné les apprenants au sein de la médiathèque. De son côté, la bibliothèque Carré d’Art, équipement du centre-ville de Nîmes, souhaitait développer un service en direction de publics fragilisés qui ont du mal à franchir la porte d’un lieu emblématique sur le plan architectural (bâtiment réalisé par Norman Foster) comme Carré d’Art.Depuis plusieurs années, les bibliothécaires accueillaient déjà ces publics pour des visites (bibliothèque adultes), de la médiation autour de différents supports (patrimoine et vidéo). Mais l’offre était dispersée et peu visible pour les associations. En 2017, décision est prise de créer un poste ayant pour mission la diversification des publics du centre ville. Françoise prend ses fonctions en décembre 2017 avec pour objectif de coordonner en interne et en externe les actions. A partir d’octobre 2018, les ateliers « A mots découverts » au rythme de deux mardis par mois ont commencé à vivre avec Françoise et Aveline aux commandes.

Sur les chemins de la lecture : S'aider à lire
Sandrine Sogne présente des livres adaptés à différents niveaux de langue

Deux jeudis par mois, Sandrine et Cynthia, fortes des conseils d’Aveline, animent l’atelier “S’aider à lire” et guident les apprenants.

Tout au long de l’année, ce sont ainsi cinq types de documents qui sont utilisés : livres guides, revues, contes, bandes-dessinées et romans afin que les participants sachent bien les différencier et les retrouver à leur gré au sein de la médiathèque. Le prêt de documents a été facilité (en utilisant une carte professionnelle) avec pour objectif que chacun s’inscrive individuellement et devienne utilisateur autonome.

Chaque participant présente un livre précédemment proposé, qu’il a lu, donne son avis et éventuellement lit une page du livre en public. Les livres proposés sont sélectionnés et adaptés aux différents niveaux de langue. “S’aider à lire” permet donc de travailler, en plus de la lecture, une compétence langagière qui n’est pas facile : s’exprimer en continu devant un public.

Une seule règle à “S’aider à lire” : ne pas raconter la fin de l’histoire !

De Centre Afrique, de Tchétchénie, du Tibet, de Géorgie, du Soudan en passant par le Vietnam, le Laos ou bien encore l’Afghanistan, ce sont plus d’une vingtaine de nationalités différentes, de tous âges, et de milieux sociaux différents qui se sont côtoyées. Certains sont en France depuis peu, d’autres depuis de nombreuses années, des apprenants sont demandeurs d’asile, en recherche d’emploi, d’autres sont logés dans des hôtels, ou bien d’autres encore sont retraités, citoyens européens, et ont choisi de s’installer dans le Sud.

Nous avons ri, nous avons échangé, nous avons vu les langues se délier, les apprenants ont gagné en assurance et en spontanéité. Nous avons été parfois très nombreux et avons privilégié l’accueil de tous et l’échange.

Le français en partage : À mots découverts
On écoute Magali

A la bibliothèque  Carré d’Art, les bibliothécaires ont réfléchi avec Aveline Jarry de Ceregard, à des thématiques différentes pour chaque rencontre. Sur ses conseils, nous dressons des listes de vocabulaire, nous instaurons un tour de table où chacun se présente, écoutons  Magali nous lire un extrait de roman, partageons un mot dans la langue de chaque apprenant. Ils arrivent d’Europe, de Tchétchénie, de Géorgie, d’Afrique de l’Ouest, ou du Nord, d’Asie, d’Amérique du sud.

 

Nous instaurons un tour de table où chacun se présente, partageons un mot dans la langue de chaque apprenant… 

 

 

 

DES LECTURES À VOIX HAUTE

 

 

À LA DÉCOUVERTE DE CARRE D’ART

Par Françoise C. et Séverine

 

Acours  de la première visite, en empruntant les escaliers de verre, nous faisons connaissance avec les lieux. Le restaurant et sa terrasse offrent une belle vue sur les toits de Nîmes et la Maison Carrée.

Nous faisons une halte devant l’entrée du musée d’Art contemporain. Nous nous arrêtons aussi à  la bibliothèque pour les enfants et pour les adultes. Au fur et à mesure de cette promenade, le vocabulaire et le fonctionnement des espaces sont découverts.

La deuxième visite présente de manière ludique les collections de la bibliothèque. Chacun tire au sort un papier sur lequel est noté un document à rechercher : un roman, une lecture facile, le journal local, un CD de rap, un DVD, une bande dessinée, un album jeunesse …

Les apprenants les plus hardis glanent parfois des informations auprès des bibliothécaires postés dans les espaces. Seuls ou à deux, ils ont arpenté et fouillé les rayonnages et les bacs.

Des livres, musiques, films, revues, …disposés sur une table sont feuilletés et parfois empruntés par ceux qui ont une carte d’abonné.

La représentation des lieux, pour les apprenants, change de visage au fur et à mesure qu’ils deviennent familiers…

 

L’ATELIER DE DÉCOUVERTE MUSICALE

Par Anne et Cédric

 

La musique comme langage universel… lieu commun s’il en est. Et pourtant on y croit… et pourtant on se trompe un peu aussi. Car s’il n’est pas besoin de mots communs pour écouter ensemble une musique, il est important de s’y retrouver un peu ensemble. Et ce n’est pas toujours facile. La perception de la musique relève de la plus grande subjectivité : la musique de Marin Marais, la bien nommée “Rêveuse”, m’incite au rêve mais en a fait dormir plus d’un. Bon, après tout, c’est aussi une qualité !

Attention aussi aux bonnes intentions, l’enfer en est pavé, c’est bien connu mais là je l’expérimente en direct. Enfin, pas l’enfer tout de même mais je suis parfois passée complètement à côté ! Je propose une musique de Femi Kuti, le fils du grand et historique Fela Kuti. Il me semble être là dans la catégorie «musique actuelle», qui va plaire aux plus jeunes. C’est raté, Femi Kuti est déjà passé dans la catégorie des « vieux » au Nigeria et Brandy ne se prive pas de le faire remarquer… Désolée !

La deuxième séance est consacrée à la chanson française. Apprendre une langue, c’est aussi se la mettre en bouche et chanter un refrain qu’on aime bien est une façon d’apprivoiser les mots, de les digérer. Après m’être fourvoyée dans les trous des textes que j’avais moi-même creusés au cours d’une demi séance bien compromise par des soucis techniques (merci Aveline d’avoir sauvé la séance !), je tire les leçons de l’expérience et je prévois un atelier basé sur l’écoute et la compréhension. Nous fêtons donc nos anniversaires avec les Fabulous Trobadors, nous partons en pique-nique avec Nino Ferrer (sans oublier les cornichons) et nous terminons par une promenade sur les Champs Elysées, où M. qui avait annoncé avant la séance qu’il voulait danser en musique, se dégonfle finalement et me laisse seule. C’est pas cool !

 

L’ATELIER DE CONVERSATION

 Par Angélina

 

Dans le cadre des ateliers À mots découverts, nous avons  organisé un atelier de conversation, sur le modèle des ateliers mis en place à la BPI ( Bibliothèque publique d’Information) à Paris. Pierre Garmy, bénévole à l’Association Quartier Libre co-anime avec les bibliothécaires de  la bibliothèque Carré d’Art.

Des femmes vivant dans le même quartier périphérique et qui se connaissaient sont venues accompagnées par deux animateurs de l’association Prép’avenir, dans laquelle elles suivent régulièrement des cours d’apprentissage du français.

Seules 2 à 3 personnes étaient extérieures à ce groupe. Alors même que j’avais très envie de participer à ces ateliers de conversation et que je m’étais rendue dès sa sortie au cinéma voir le film qui retrace l’expérience menée à la BPI, j’ai été assez déstabilisée par ce premier atelier pour plusieurs raisons :

Bref, tout cela m’a quelque peu effrayée… J’ai eu le sentiment que je n’étais peut-être pas à ma place, pas forcément capable de mener ce type d’atelier. Ma vie m’apparaissait trop différente de celle vécue par ces femmes.

 

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Depuis, mon ressenti a changé, j’ai participé à plusieurs ateliers de conversation avec un public non captif et un nombre de participants plus restreint, une formule donc plus adaptée aux objectifs de ces ateliers. Les échanges entre collègues de la bibliothèque sur cette pratique ont beaucoup contribué à me donner confiance. Il me semble, aujourd’hui que toute personne intéressée par ce type d’atelier, a un rôle à y jouer.

“Cet atelier était vraiment très riche et je suis très contente que les participants aient fait l’effort de venir et de parler en public, ce qui leur demande un grand effort. L’expérience est à recommencer !”

 

L’ATELIER DE DÉCORATION DE LETTRES (Zentangle)

Par Florence

 

L’atelier décoration de lettres façon zentangle s’est déroulé dans la salle « accueil de groupes » de la bibliothèque. Nous avions envie de  faire découvrir aux participants les lettres de notre alphabet et travailler avec eux, l’écriture, de manière ludique et conviviale. Mais cette activité est avant tout un prétexte à la pratique de la langue française. Ces rencontres permettent également une première approche moins intimidante de la bibliothèque avec une présentation des services et activités qui y sont proposés.

Après un tour de table, mené par Aveline, Françoise a montré des abécédaires originaux qui ont d’emblée suscité l’admiration et les réactions. Nous avons ensuite enchaîné sur la partie créative de l’atelier. Il consistait à décorer des lettres majuscules photocopiées en grand format, avec la technique simple de dessin zentangle basée sur la répétition de motifs. La consigne était de n’utiliser que des motifs s’inspirant des lettres de notre alphabet.

Les lettres ainsi décorées par chacun ont ensuite été assemblées sur le mur de la salle pour former des mots. Et le premier qui est apparu, fut le mot « AMI ». Nous avons joué ensemble à trouver d’autres mots en contemplant cette  grille, aux allures d’un ” mots-croisés” géant du plus bel effet. Habituée à pratiquer des ateliers créatifs avec le jeune public, je suis enchantée par cette expérience que j’espère avoir l’occasion de renouveler.

 

J’ai rencontré un public adulte très participatif, où se mêlent différentes nationalités et générations, animées par une même volonté d’apprentissage et un fort désir de découvertes et d’échanges.

 

 

L’ATELIER JEUX DE SOCIÉTÉ

Par Corinne L. et Françoise M.

 

Depuis toujours, les jeux de société font partie de la culture populaire. Intergénérationnels, ils favorisent la mixité sociale (origine culturelle, niveau scolaire, niveau de langue). Ils contribuent à créer du lien et sont un espace de liberté, sans oublier la notion de plaisir. En développant les échanges, ils participent à l’apprentissage de la langue, à la découverte de nouveaux mots. Les jeux ont pour but d’inciter les apprenants à découvrir et utiliser un vocabulaire plus spécifique.

 

Mots choisis : jeux, cartes, dés, couleurs, formes (ex : rond, carre, triangle etc.), regarder, se rappeler, pareil, gagné, perdu. Et bien d’autres évidemment ! Dans ce cadre, nous avons animé 2 ateliers : le premier avec l’association Le secours catholique, soit 12 apprenants de 7 pays différents. Le second avec les associations C’faire et La luciole soit 15 apprenants de 9 pays différents. Nous leur avons proposé des jeux de stratégie (Quirckle), d’observation (Dobble), de mémorisation (Pengoloo), de concept (Compatibility).

 

DÉCOUVERTE DE LA BIBLIOTHÈQUE À DOMICILE

Par Laëtitia

D’accueil en accueil, la présentation a été ajustée pour qu’elle s’adapte au mieux aux besoins. Les premières présentations étaient rapidement faites sur un OPAC. Puis nous avons consacré un temps plus long dans la salle de formation. Sur proposition de Françoise, nous avons profité du tableau interactif pour élaborer une démarche plus coopérative.

Les apprenants ont testé directement la ressource FLE, s’aidant les uns les autres, échangeant entre eux, riant.

Dans le cadre d’un atelier « A mots découverts », les apprenants ont testé directement la ressource FLE, s’aidant les uns les autres, échangeant entre eux, riant. Puis, nous leur avons montré comment y accéder, pour terminer sur une présentation rapide des autres ressources (Cinéma, Musique…). Nous avons modifié notre manière de communiquer sur La bibliothèque à domicile et sommes vraisemblablement arrivés à une présentation plus efficace, humaine, créant liens et partages.

 

L’ATELIER POP’UP ET LIVRES ANCIENS

Par Bénédicte et Corinne L-C.

 

C’est avec enthousiasme que j’ai accepté d’animer un atelier en direction de personnes apprenantes en français. Ce public ne m’est pas totalement inconnu pour en avoir déjà accueilli et la nécessité de s’adapter au niveau de langue pour se faire comprendre est un exercice de médiation très « excitant ». Aujourd’hui il s’agissait de découvrir des documents anciens apparentés au livre animé et d’encadrer un atelier de réalisation de carte pop’up. Cependant, je m’inquiétais de la somme d’indications qu’Aveline souhaitait dispenser avec le protocole du « tour de table », la présentation du « mot à partager », la liste des mots utilisés…et je craignais une surabondance d’informations qui perturbent les participants plutôt que de les captiver.

Finalement, la séance s’est déroulée de façon très fluide. Les documents anciens et la manipulation de pop’up contemporains ont retenu l’attention de tous et le groupe a participé avec un plaisir et une attention évidente à l’atelier plastique, tous si absorbés par le pliage, découpage, création de leur poisson d’avril. Finalement auront-ils retenu avoir vu l’Astronomicum d’Apian de 1540 avec ses volvelles de couleur ? Je retiens pour ma part l’émotion ressentie à voir un public hétérogène : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, tous plus ou moins en difficulté à vivre un moment privilégié de pratique artistique commune…comme lorsqu’on est enfant et insouciant.

CE QUE JE RETIENS…

Par Corinne

 

Ce que je retiens, c’est l’atmosphère joyeuse et de partage de cet atelier. Tous les participants ont montré leur envie de fabriquer une carte en 3 D et se sont investis dans cette création. Trois jeunes gens se sont joints à nous alors qu’ils ne faisaient pas partie de l’association et se sont prêtés au jeu. Il s’agissait de mineurs non accompagnés, qui fréquentent la Bibliothèque Carré d’Art et qui ont profité de ce moment récréatif. Les apprenants de l’association UCDR (Union des citoyens des 2 rives) nous avaient préparé une surprise : ils nous ont lu un poème qu’ils avaient écrit ensemble. Ce fut un moment très fort :

Je me promène dans mon jardin,
Quand soudain,
Sur mon chapeau,
Se posa un oiseau,
Oh, Oh, Oh Toi là-haut
L’oiseau barjo,
Tu es sur mon chapeau
Pas sur un bateau,
Direction Bamako, Monaco, Congo…

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EXPOSITION OISEAU

Par Françoise C. et Alexandre

 

Pas facile de faire visiter une exposition  à des personnes qui ne parlent pas le français ! J’ai tourné et retourné cette idée dans ma tête et je me suis lancée ! Nous avons découvert des noms d’oiseaux avec les mobiles d’Emilie Vast, écouté le chant du rouge gorge et de la chouette avec Anne Crausaz et construit de drôles d’oiseaux grâce au tangram géant d’Ariadne Breton-Hourcq et Laurence Lagier.

Les éditions MeMo sont également à l’honneur dans cette exposition. Nous avons pris le temps de feuilleter quelques albums pour apprécier la qualité des illustrations et des histoires proposées par cet éditeur.

 

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Une balade au jardin de la fontaine guidée par Sylvain Bidot vient compléter cette première séance. Alexandre nous a préparé un objet ” ni volant ni clairement identifié” pour observer silencieusement la nature. Il s’agit d’un appareil photo numérique dont la particularité est d’afficher sur son écran des indications écrites pour orienter la visite et un signal pour déclencher la photo.

 

DÉCOUVERTE D’UN FILM DOCUMENTAIRE

Notre première rencontre cinéma s’est tenue le 11 juin 2019, tout juste avant l’été. Une belle occasion de prendre l’air, de faire le tour du monde pour découvrir une autre nature et mieux regarder les arbres. Le film que nous avons choisi a été réalisé par Sophie Bruneau et Marc Antoine Roudil, Arbres (2001, 50 min.). Images magnifiques, texte poétique formidablement dit par Michel Bouquet.

Comme pour tous les rendez-vous cinéma que nous organisons à la médiathèque, nous prenons le temps de présenter le film et, surtout, d’échanger après la projection. L’idée est de parler de notre ressenti et de partager notre propre regard sur le film.Le groupe était très attentif pendant la projection. La discussion était aussi très soutenue. La plupart d’entre eux ont découvert avec enthousiasme le cinéma documentaire par ce film.

« C’est la première fois que je voyais un film comme ça ! Oui c’est vrai, c’est un film qui parle à l’imaginaire et nous apprend sur les arbres des choses réelles. C’est de la poésie, la voix raconte des choses vraies qui nous font rêver. »

« J’aime beaucoup la lenteur de ce film, nous avons le temps de regarder, comprendre…nous n’avons pas l’habitude de regarder des films lents, le cinéma propose plutôt des films d’actions, c’est très agréable ce rythme lent mais c’est une expérience qui n’est pas évidente pour tout le monde, le silence, la caméra qui filme avec beaucoup de lenteur, mais on voit mieux les choses ! »

D’autres ont évoqué des souvenirs personnels, comparé cette vision des arbres, de la nature avec celle de leur pays d’origine.« Avec ce film, j’ai découvert l’arbre qui se déplace,  le Palétuvier, je ne connaissais pas et le Mathusalem, moitié mort et moitié vivant…c’est l’arbre le plus vieux de la planète. »

« On ne peut pas voir le Palétuvier se déplacer ? Non, il faudrait rester très longtemps à observer car il bouge très, très lentement… »

 

 

 

Le temps d'une halte, faire le point

La volonté première du Ceregard était de dynamiser les pratiques professionnelles des partenaires associatifs et institutionnels afin de faciliter l’apprentissage de la langue française pour les personnes en difficultés linguistiques. Ces rencontres leur ont permis d’investir les bibliothèques, de côtoyer des bibliothécaires, d’oser s’informer, d’emprunter des ressources, de passer du temps dans un lieu qui devient “leur”. Les apprenants ont pu également s’inscrire comme habitants à part entière, d’un quartier, d’une ville et ainsi donner du sens à leur parcours migratoire et d’intégration en France

En présentant les ateliers “S’aider à lire” et “A mots découverts” auprès des professionnels, salariés et bénévoles, nous nous sommes parfois heurtés à leurs représentations :

– C’est trop compliqué !
– Pourquoi accueillir dans  un lieu dédié à la lecture  des personnes analphabètes ? ou qui savent à peine lire ?
– Ce que vous proposez nous le faisons déjà !

Parfois, ils avaient également le sentiment que les ateliers proposés en bibliothèques pouvaient se substituer à leur offre. Mais le pari est réussi pour les associations qui ont osé faire route avec nous. Les animateurs ont découvert de nouvelles ressources et sont allés à la rencontre des bibliothécaires. Ils savent maintenant  comment utiliser le lieu pour enrichir leur pratique de l’enseignement du français.

Pour les bibliothécaires, animer des ateliers pour des personnes qui apprennent le français était un sacré challenge. L’envie de faire était forte même si nous n’avions pas toutes les clés. Le partenariat avec le Ceregard a permis de modéliser un type d’atelier, de poser un cadre à l’intérieur duquel on a pu faire des propositions ambitieuses et originales pour ce public, peu familier des médiathèques et ce n’était pas toujours facile.

Parmi les bibliothécaires, certaines regrettent que leur participation n’ait été que d’une ou deux séances  et se disent même un peu frustrées … mais l’aspect intergénérationnel des ateliers et la rencontre avec des personnes venues de tous les continents ont beaucoup plu et tous les participants s’accordent à dire que cette expérience a été enrichissante, sur le plan professionnel et humain !

De nouveaux horizons
Corine Jamar, auteure de La Grande lessive (Weyrich édition)

 LES ATELIERS NOMADES DE MARC BERNARD

 

En septembre 2018, la médiathèque Marc Bernard ferme ses portes, pour un lifting bien mérité. La médiathèque n’est plus accessible, nous essayons alors de travailler ailleurs, mais dans un périmètre proche, pour ne pas rendre l’accès difficile aux participants (proximité avec l’arrêt de bus Trait d’Union) : à la Maison des projets du quartier Pissevin. Nous notons alors une désaffection nette des participants ; elle est concomitante à l’organisation d’ateliers (en direction des mêmes publics) à Carré d’art, équipement attractif et séduisant, et plus proche de certaines associations qui venaient précédemment à S’aider à lire. Cela pose la question de notre impact sur le quartier Pissevin-Valdegour : répondons-nous clairement à une demande des associations et habitants ? Avons-nous suffisamment bien expliqué notre démarche à nos partenaires ? Avons-nous bien communiqué ?

Nous décidons alors de prolonger S’aider à lire par des ateliers similaires, mais nomades, au sein des associations elles-mêmes. Trois structures répondent tout de go à notre proposition, et trois micro-projets se construisent : Avec les apprenants de l’association Adeframs, nous allons fabriquer un kamishibaï. Tout d’abord, nous allons en lire ; puis écrire une histoire ; enfin, avec l’aide des animateurs numériques, créer les images. Le travail est en cours.

La princesse et le bûcheron

Edit du 10 mai 2019 : les kamishibaïs sont terminés.

Lorsque nous avons montré le butai, et raconté des kamishibaïs, les réactions de plaisir ont été immédiates : “C’est comme la télé, mais mieux !” Un monsieur d’origine afghane, et menuisier de son état, a décidé qu’il fabriquerait un butai. Bref, c’est lancé !

Au Journal de Valdegour, nous allons lire des histoires, puis nous leur confions deux séries d’albums, qu’ils lisent chez eux. Ils sont en train de rédiger ensemble un article pour leur parution trimestrielle. Nous continuons les visites-lectures, avec différents thèmes à chaque fois : le 14 mars, par exemple, nous avons joué avec l’abécédaire de Henri Galeron, et la stimulation par le jeu a réellement désinhibé tous les apprenants, ils n’avaient jamais autant participé ! Du pouvoir du jeu…

Au collège Condorcet, dans la classe de parents (mamans) apprenantes en français (dans le cadre de l’opération Ecole ouverte aux parents pour la réussite des enfants), l’enseignante souhaite notre venue. Nous construisons ensemble un modus operandi : une notion de français est travaillée en classe, puis nous venons consolider cette notion en lisant des histoires qui la mettent en valeur, et renforcent l’aspect plaisir.

Nous n’avons pas encore tiré d’enseignement de toutes ces expériences, nous avons beaucoup de choses à digérer…

Mais, en avant-première, voici les trois kamishibaïs réalisés avec les apprenants de l’association Adeframs, guidés par Peggy Frecon, animatrice en atelier d’écriture. Plusieurs ingrédients sont indispensables pour réussir un tel projet (démesurément ambitieux, au vu du tout petit niveau en français de ce groupe d’une vingtaine d’adultes) :

Bon, on avait tout ça à disposition ! Du coup, trois histoires ont été écrites, et dessinées, mises en page, imprimées…lues, enfin ! Nous avons pu être disponibles pour une telle opération car la médiathèque Marc Bernard est fermée au public, à voir comment nous pourrons faire à la réouverture. Il est certain que nous ne pourrons proposer de tels projets à toutes les associations du quartier Pissevin, mais nous allons réfléchir à faire des propositions “tournantes”.

 

LES JOURNÉES CEREGARD

 

Ceregard a organisé mercredi 7 novembre 2018 une journée à destination des professionnels, salariés ou bénévoles, qui offrent des cours d’apprentissage du français et de la remise à niveau des savoirs de base. Cette journée a pour objectif de faire découvrir les ouvrages de la collection La Traversée (Weyrich édition) et l’originalité de  cette démarche. Rita Stilmant, directrice de la collection, a expliqué que  les financeurs, les auteurs et les apprenants travaillent tous de concert et produisent des textes adaptés aux problématiques des publics éloignés de la lecture. La collection compte désormais 23 titres !

Réunion du Mercredi
Mercredi 7 novembre, rencontre avec R. Stilmant et C. Jamar

 

Corine Jamar, auteure de la Grande lessive a parlé de son expérience d’écrire en suivant un cahier des charges précis, sans pour autant renoncer à sa liberté créatrice. Les auteurs  s’adressent à des personnes éloignées de la lecture. Ils font lire leur texte à des groupes d’apprenants de l’association Lire et Écrire et travaillent ensemble le texte. Dans les livres de la Traversée, il n’y a pas de césure, ni de guillemet ou de point virgule. La police de caractère est plus grosse et le format des livres est étudié pour un confort de lecture.

 

LE PARTENARIAT AVEC LA D.L.L (Direction du Livre et de la Lecture du Gard)

 

A l’occasion de petits déjeuners organisés par la Direction du Livre et de la Lecture du Gard, le 18 février 2019 à Nîmes et le jeudi 21 mars 2019 au Vigan, Ceregard a présenté les actions construites en partenariat avec des bibliothèques du Gard en direction d’un public éloigné de l’écrit et/ou en apprentissage de la langue française. Le réseau des bibliothèques de Nîmes, la médiathèque de Villeneuve lez Avignon et la médiathèque Emile Cazelles de Saint Gilles ont échangé sur ces actions et présenté des exemples d’ateliers : jeux, livres, zentangle…
Nous aimerions susciter l’envie de faire émerger de nouvelles propositions dans d’autres bibliothèques du Gard.

 

Aveline Jarry, conseillère technique et pédagogique au Ceregard présente les divers ateliers mis en place dans des bibliothèques du Gard”

 

“Ces rencontres sont autant d’occasions de rendre compte de nos actions. Les présenter nous aide à clarifier nos pratiques et nos choix. L’originalité de chaque proposition dans les bibliothèques du Gard, est propice à un enrichissement mutuel. Par exemple, j’ai été séduite par l’atelier Gourmandise de Villeneuve lez Avignon, où chacun donne la recette de son plat préféré et j’ai très envie de proposer cet atelier, en 2020, à Carré d’Art. Grâce à ces journées professionnelles, j’ai également découvert la collection la Traversée et toute la singularité de cette démarche. Mon regard sur les titres de cette collection a changé et j’ai mis de côté mes réticences. Nous lisons des extraits, lors des lectures à voix haute dans les ateliers A mots découverts, afin de faire découvrir ces livres aux apprenants. Et tout le monde y prend plaisir…” Françoise C.

 

 

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